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Grève pour une autre réforme ! Le 14 novembre 2013, les syndicats des agents territoriaux (CGT, F.O, Sud-Collectivités territoriales) se joignent à la grève enseignante pour protester contre l’application de la réforme des rythmes scolaires. Mais les motifs de contestation ne recoupent pas totalement ceux des enseignants.

Pour les syndicats des agents territoriaux, les motifs de plainte sont les suivants :

• le bouleversement des horaires

• le changement des missions, notamment pour les ATSEM, appelées à intervenir en animation auprès des adjoints d’animation : « le métier de l’Atsem, ce n’est pas l’animation, elles ne sont pas formées pour. On peut envisager des évolutions du métier, mais contre une modification du statut et de la rémunération » avance Yves Kottelat, secrétaire général de F.O pour les agents territoriaux.

• le manque de moyens : « c’est une réforme à moyens constants. Les villes demandent aux agents de renoncer à leur 80% et ne procèdent à aucune embauche. On a simplement changé les plannings des agents, sans leur demander leur avis. La concertation n’a souvent concerné que les parents, plus intéressants électoralement parlant » relève Philippe Damoiseau, pour Sud-Collectivités territoriales.

• Une confusion des genres : « On ne sait plus qui assume les missions d’enseignement, car elles glissent vers les communes. Quelles sont les responsabilités des enseignants ? Celles des Atsem, des animateurs, des personnels de cantine ? Comment partager les locaux ? » reprend Yves Kottelat.

• L’attente d’une déprécarisation : « Aujourd’hui, la plupart des animateurs des accueils collectifs de (ACM) disposent d’un BAFA. ll ne s’agit pas d’un diplôme professionnel, mais d’un brevet d’aptitude. Mais ces animateurs ne sont ni occasionnels, ni saisonniers. Ils répondent à des besoins permanents et occupent des postes permanents mais font l’objet de contrats précaires. La réforme des rythmes amplifie cet état de fait » avance Malik Ghersa, du collectif animation, de la Fédération CGT des services publics. Le syndicaliste estime donc que la réforme doit mener à une une déprécarisation des animateurs, ainsi qu’à une reconnaissance de la fonction d’animateur et de son utilité sociale. « Elle doit notamment passer par la reconnaissance statutaire de la qualification des animateurs, sachant qu’il existe des animateurs titulaires de diplômes allant du niveau V au niveau I qui sont dispensés soit par les fédérations de l’éducation populaire, soit par le cursus universitaire. On constate également que plus l’animateur est qualifié, plus il est légitime de revendiquer une catégorie A dans cette filière qui est la seule à ne pas en avoir » complète-t-il, précisant qu’il serait pertinent que des cadres qualifiés de l’animation soient chargés d’accompagner les élus locaux dans l’élaboration du projet éducatif territorial instauré par la réforme. Et d’ajouter : « nous militons pour que les formations d’animateurs, composées d’unités de formation capitalisables, soient dispensées par le CNFPT, pour permettre une vraie campagne de qualification des personnels déjà en poste ».

Malik Ghersa attire en outre l’attention sur un autre sujet : la mise en concurrence des animateurs territoriaux avec les animateurs des associations. « Certaines fédérations d’éducation populaire prônent le statut du volontariat et le contrat d’engagement éducatif (C.E.E), qui rémunère moins que le smic Nous craignons que la réforme des rythmes introduise une compétitivité accrue entre les animateurs volontaires et professionnels. »

Attentes divergentes - Les attentes diffèrent d’un syndicat à un autre. « Ce n’est pas un baroud d’honneur. La réforme se passe mal dans de nombreuses collectivités qui sont parties en 2013, nous espérons que les autres vont réfléchir pour la mise en place en 2014 » avance Philippe Damoiseau.

« Nous voulons une vraie réflexion sur le périscolaire, qu’on sorte de la garderie et que l’utilisation des financements octroyés au titre du fonds d’amorçage fasse l’objet d’un contrôle » complète Yves Kottelat.

Malik Ghersa va plus loin : « Contrairement aux enseignants, nous ne demandons pas l’abrogation de la réforme. En revanche, nous voulons une suspension de sa mise en place, une abrogation du décret sur les rythmes et une reprise des négociations, pour une réforme qui englobe tous les temps de l’enfant, pendant l’école et hors l’école, sans se limiter aux seuls rythmes scolaires ».

Proposition de loi - De son côté, l’UMP poursuit sa campagne d’hostilité à la réforme des rythmes en déposant une proposition de loi, « permettant le libre choix des maires concernant les rythmes scolaires dans l’enseignement du premier degré ». Le texte propose d’octroyer la possibilité, pour les maires, d’intervenir sur les horaires d’entrée et de sortie de classe. Le Code de l’Education en donne déjà le pouvoir aux maires, en fonction de circonstances locales : la proposition de l’UMP instituerait une consultation préalable des parents et des enseignants qui n’existe pas à l’heure actuelle. Seule innovation du texte, la mention, dans l’article 1 : « Toute modification des rythmes scolaires par voie réglementaire donne lieu à compensation par l’État des charges supportées à ce titre par les communes et les établissements publics de coopération intercommunale » ainsi que l’inscription d’une telle compensation dans le Code des impôts.

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